18 févr. 2007

ETAPE 15 L'Hermitage

Ce matin levé tranquille, on a bien compris que comme le soleil ne se lève pas avant 10h pas besoin de se pousser hors du lit, même Timi l’a compris. Mais voilà hop levé, et une amorce de ciel bleu et de soleil. On décide donc de faire les 2km qui nous séparent de l’ermitage à pied en prenant le chemin des écoliers.11h30, on arrive à l’ermitage. Quelle file, déjà que je traîne Pierre, qui n’est pas motivé, derrière moi. Je sens bien que cette file va lui donner envie de faire demi tour. Moi je me demande si je vais céder à sa volonté ou imposer la mienne.

Mais il est cool et ne rechigne pas, donc je n’ai pas à m’imposer. Il se met gentiment dans la file, pendant que je vais voir s’il n’y pas moyen de resquiller dans l’avancée. Effectivement il y aurait eu moyen, mais comme maintenant lui il est dans la file avec Timéa, je ne vais pas le planter là ;-) Je les rejoints, mais lui non plus n’a pas perdu son temps, outre le fait que la file ne semble pas plus mal pour faire des photos de la place, il écoute la conversation de son voisin de derrière qui s’est fait aborder par une guide. Pierre a ce défaut mais parfois c’est utile. Le deal est le suivant, on paye un supplément de 100 roubles et elle nous fait rentrer direct, pas de file, pas d’attente, pas d’embrouille. A peine la décision prise, nous voilà au vestiaire, où l’on reçoit pas moins de 5 plaquettes pour tout notre bardaf. Petit plus, la guide parle français. Alors on se dit, de toute façon on n’aura pas le courage de faire les 600.000 tableaux du musée, autant prendre un guide pour aller à l’essentiel et pas regarder un extincteur comme si c’était de l’art moderne

Pierre est conquis, il doit admettre que ça valait le détour, ils ont ici absolument tout ce que vous pouvez me citer comme peintre que vous avez en tête. Ca donne dans le désordre et de manière non exhaustive : Matisse, Rousseau, Picasso, Monet, Cézanne, Michel Ange, Raphaëlo, Botticelli, Van Gogh, Mucha, … et une floppée d’artistes russes au nom imprononçable, ainsi que les portraits sous différents angles de tous les Romanovs.

Après quoi, il est 14h. Heureux de l’avoir fait comme ça, sans s’en dégoûter, en ayant autant vu les peintures que le musée et en ayant appris un bout d’histoire de Russie, on a une petite faim et Timéa a grandement besoin d’un biberon. Pierre me tire vers un kebab. Où qu’on soit dans le monde, il y a toujours un kebab. Là, même si les frites sont molles, la viande est bonne et la petite passe très vite dans les bras des filles qui font le service, ce qui lui permet une visite de l’arrière cuisine.



Comme nous l’a suggéré notre guide, nous nous dirigeons vers l’Eglise du sauveur sur le sang versé. Rien que le nom donne envie, non ? C’est une église orthodoxe, du genre de Basile le Bienheureux mais à Saint Petersbourg. Celle-ci elle est connue pour ses mosaïques intérieures. D’ailleurs, on dit SA mosaïque par ce que tout l’intérieur est UNE mosaïque. Pierre me lit la feuille, sur laquelle il est stipulé qu’il a fallu 12 ans pour faire la mosaïque, et qu’elle a été récemment restaurée pendant 27 ans. Ben ça va vite de créer un puzzle, par contre, pour le refaire une fois que toutes les pièces sont par terre … La mosaïque fait 7000m², et comme me le calcule Pierre, vu qu’une pièce de mosaïque fait plus ou moins 1cm² ça fait un puzzle de pas moins de 70 millions de pièces. Ben c’est lui l’ingénieur, si vous voulez voir s’il s’est pas trompé, je vous laisse calculer.

Mais ce qu’on en retient surtout, c’est que c’est vraiment impressionnant !

On voulait arrêter la journée là, car demain on a prévu une marche dans la ville. 5h de marche au programme. Seulement voilà, même si on était au lit tôt, Timéa en a décidé autrement. D’abord on décide de la laisser pleurer un peu. Mais quand ses pleurs commencent à nous glacer le sang, on va voir ce qui se passe. Elle nous regarde les yeux gonflés pleins de larmes, le regard dans le vague, elle semble effrayée par quelque chose. Dans nos bras elle ne se calme pas facilement même au bout de 21 esquimaux (7x la chanson des 3 esquimaux sur la banquise) alors que normalement 6 esquimaux sont largement suffisant. On ne sait pas pourquoi, elle a 35°C de température alors que nous on sue dans cette chambre. Pour la réchauffer je la mets entre Pierre et moi dans le lit, ce qui lui évitera de crier mais ne nous permettra pas de bien dormir.

Mais marche oblige, on se lève et on traverse la ville en métro pour rejoindre le point de rdv.

Gaëlle porte la petite et on suit la guide vêtue d’une veste jaune fluo. Il n’y a que nous trois à faire la visite. En gros, on reprendra quelques rues que nous avions déjà prises, on passera même au pied de notre immeuble, et le cuirassé que je pensais être le Potemkine ne l’est pas. On apprendra d’autres petites histoires sur des couvents gigantesques, dont un n’a jamais été un couvent parce qu’un ouvrier s’était suicidé sur l’échafaudage, ce qui lors de la révolution d’octobre évita qu’on le fasse exploser… etc etc. Clou de la visite, on passera dans la rue des "Poupées Russes" c’est la rue parfaite, elle fait 22m de large, les bâtiments font 22m de haut de part et d’autre et la rue fait 220m de long. Ce qu’on peut en dire c’est que c’est une rue symétrique, et que ça nous fait marrer de savoir que c’est celle du film. La guide nous a donc fait courir pendant 5h dans la ville, elle a 20ans, fait des études d’histoire mais a surtout fait toute la promenade sans s’arrêter de parler et sur des hauts tallons !

Nous on est mort de chez mort, on va donc manger un petit bout dans un restaurant indonésien. Il est 6h du soir et c’est notre premier repas de la journée.

Aujourd’hui c’est notre dernier jour. Il fait encore noir mais nos corps abandonnent, que se soit moi, Gaëlle ou la petite, on a tous des signes visibles de fatigue. Petit plaisir, ce matin la grincheuse chez qui on loge a eu la bonne idée de nous faire des crêpes ce qui fait très plaisir à Gaëlle. Je n’ai pas le courage d’affronter la ville, ses bruits et ses voitures. Les russes ici ne sont pas plus civiques qu’à la campagne. Quand vous traversez au vert, sur un passage pour piétons avec un bébé, ils vont klaxonner pour que vous vous dépêchiez de peur d’user leurs plaquettes de frein. Le métro, équipé de portes battantes, ne sont toujours pas tenues, mais maintenant on a le truc, on choppe la porte quand elle repasse dans l’autre sens, c'est-à-dire quand son énergie cinétique est nulle alors que son énergie potentielle est maximum. Mais il va falloir qu’on se bouge pour aller voir un ou deux palais…