15 janv. 2007

ETAPE 07 Ulan-Ude

Le vieux il était gentil, il parlait pas, il semblait toujours plongé dans ses pensées. A un moment il a bien essayer de parler mais on s’est regardé bêtement tout les trois on a fait un grand sourire et ça c’est arrêté là. Il a écrasé aussi, il a dormi jusqu’à midi. Puis à un moment il s’est avancé vers moi, il a sorti un peigne et a peigné la petite qui lui a fait un sourire. Le reste du temps il lit un livre dont le titre est "combat", pas que je comprenne le russe, mais ça ressemble qui plus est sur la couverture il y a Rambo russe. J’imagine que c’est plus ou moins l’équivalent de la version américaine. Sauf qu’ici c’est Rambolchevik qui va pèter la gueule au USA.


Les paysages sont superbes, et la lumière toujours aussi belle. Les rivière sont gelées et les ponts qui les traversent semblent devenu inutiles. Des traces de pneus sont visibles sur et sous le pont, la rivière étant devenu une route bien plus praticable que le chemin cabossé qui la borde.

Et puis toujours ces petits villages de maison qui fument dans une lumière de soleil couchant. Dans chaque village de maisonnettes en bois, on trouve une barre de béton sûrement pour loger les fonctionnaires.

On trouve aussi une cheminée rouge et blanche qui s’élève au dessus de tout et qui crache de magnifiques nuages blancs dans le ciel bleu pâle.

L’asiatique du bout du couloir vient me demander de l’aide pour son ticket de train, il parlait donc anglais… Notre premier contact c’était arrêté à une "you speak english" de ma part et un "OK" de la sienne… puis j’avais essayé de demander si la prise qu’il utilisait fonctionnait et il m’avait dit un second OK. J’en avais conclu que son anglais n’était pas évolué, je m’étais trompé.

Le voilà en face de moi et je lui explique comment lire son ticket de train à l’aide du Lonely et lui donne l’heure de Moscou que j’ai sur ma montre de mon poignet droit. Car comme on nous avait prévenu quand on parle train on parle heure de Moscou.

Lui il est Coréen, passe par le nord de la Norvège pour rejoindre un ami à Prague.

Il s’arrête aussi à Irkutsk mais pas à Ulan-Ude alors qui sait, on le retrouvera peut-être dans le train pour Moscou.

La dernière nuit dans le train est plus difficile, la petite dans un rêve où elle tue un ours, n’arrête pas de pousser de petits cris et de me tirer la barbe. Pas facile de dormir avec boucle d’or.

Pour me soulager Gaëlle la prend dans sont lit de 6h du mat à 8h. Je dors un peu.

On se réveille, tous ensemble et on prépare les sacs. Une demi heure avant l’arrêt la furie fait irruption et à son petit sourire on comprend qu’elle est satisfaite de nous voir tous les trois bien sagement assis les sacs posés à nos côté prêts au débarquement. Vu le froid que je me suis pris dans la gueule hier soir, j’ai doublé toute les couches et on a sorti la cagoule de gangster de la petite. Cette cagoule c’est sa mémé qui la lui a tricoté, en laine blanche elle lui couvre toute la tête ne laissant voir que ses yeux à travers une petite fente. Quand elle vous regarde de ses grands yeux bleus sous sa cagoule on sent toute la puissance et le charme que renferme ce petit monstre.

Le train s’arrête, d’après l’horaire on a 30min pour descendre, on est dehors en moins de 2 (d’où l’expression).

Et là je vous le refais : WOUUUUUHHAAAAAAAAAA putain fait froid, mais quand je dis froid c’est froid, d’ailleurs une grande montre digital face à moi me confirme : -22°C.

Ma moustache est gelée signe qui ne trompe plus.

La gare est magnifique, des trains de passagers partent et arrivent d’autres ressemblent aux trains électriques de ma tendre enfance (celui qui je crois est toujours dans le grenier de mon parrain). Les locomotives bleues turquoises bardées de bande jaune tractent des wagons citernes, d’autres vides ou des km de wagons chargés de charbon noir que recouvre une petite pellicule de neige immaculée.

Mais il ne faut pas perdre le nord, chargé comme des mules la première action est d’acheter un ticket de train pour demain. Moi je garde les sacs, Gaëlle se plonge dans la file du guichet d’information, ressortant victorieuse un numéro de train et une heure écrite sur un bout de papier. Dans la cohue de la gare où un jingle de Merry X-mas tout pourrit annonce une voix nasillarde qui se déchaîne sur les annonces de train.

Derrière deux vieux, un couple, deux soldat, une vieille asiatique, Gaëlle attend son tour un peu anxieuse, moi je la regarde amoureusement. Mais à nouveau elle met les autres KO et ressort ticket en main, là devant mes yeux notre train redémarre, ce qui signifie, action complétée en moins de 30min ! Si c’est pas du record ça !

On sort de la gare sur le sol gelé, nos pieds couinent, ce n’est pas le craquement de la neige, c’est un bruit plus aigu que l’habituel des sports d’hivers. On remonte la rue où circulent des minibus et des camions. Certains camions ont une grosse couverture pendue devant le radiateur, pour protéger le moteur du froid, ce qui leur donne une gueule de camion de grand-mère un peu étrange. En remontant vers l’hôtel que le plan nous indique, on passe devant des toboggans et une patinoire. La patinoire c’est simplement le stade qu’ils ont raclés pour avoir une surface plate, pas besoin d’autre chose.

Notre hôtel se résume à un bloc austère où traînent toute une série d’homme d’affaire chinois. Mais bon c’est un a priori car ici on est dans une ville russe où tout le monde a une tête d’asiatique c’est une peuplade comme ça. A l’aide d’une baguette la vielle de l’accueil nous montre les prix derrière son plexiglas et nous voilà dans une chambre sans fioriture ni douche ni toilette, mais pas chère :-p

D’ailleurs on trouvera bien des toilettes plus loin sur le palier mais pas de douche, et vu la gueule de la responsable d’étage on s’abstient de lui demander. Il faut donc retenir deux choses :

1 en Russie à chaque étage de l’hôtel il y a une réceptionniste

2 si tu veux sentir bon tous les jours sous les bras je te déconseille le voyage.

Pour se laver dans le train qu’une solution, celle de mettre tes tapettes, et d’aller te laver dans le froid à l’eau froide les pieds dans ce que t’espère être l’eau de celui qui s’est lavé avant et pas la pisse du soldat bourré de la cafète. A l’hôtel, il y a un évier dans la chambre mais pas vraiment d’eau chaude tout juste tiède et la chambre n’est pas vraiment chaude non plus alors tu prends ton courage à deux mains et tu te mouilles ou bien t’attend demain un meilleur hôtel… Ben non, t’attend le matin et t’as de l’eau bouillante, dixit Gaëlle.

Passons le papier peint à fleur en relief et la fenêtre qui laisse passer l’air de dehors, on se déshabille, on peaufine notre accoutrement et on ressort. Fait pas plus chaud, au début t’as froid, puis y a un stade où ça brûle un peu et puis après tu sens plus trop rien donc ça va.



On passe une passerelle au dessus des voies ferrées, le spectacle m’enchante toujours. Puis on arrive sur la place principale où la plus grande tête de Lénine de Russie (je pense donc aussi du monde) nous regarde. Y a pas à dire il savait y faire point de vue culte, mais là aujourd’hui avec sa calotte de neige sur la gueule, et la pub coca à côté ça donne un peu l’impression qu’un pigeon géant lui a chié dessus.

Au pied c’est sculpture de glace, c’est fou parce qu’ici les tronçonneuses qui découpent les blocs de glaces ne les font même pas fondre. Il est midi on a eu un twix pour deux au petit déjeuner, on a faim. On pousse la porte difficile à trouver d’un snack référencé dans le guide. Ici bien sur il y a chaque fois un sas pas question d’exposer les gens d

e l’intérieur directement au froid. À l’intérieur la buée sur nos lunettes, on attend encore un peu, c’est une toute petite pièce avec quelque table, au bout un comptoir et une asiatique qui prend le commande. Donc je m’installe avec timi à une table et Gaëlle va tenter sa chance à la loterie de la bouffe. Pendant ce temps trois grandes asiatique me sautent dessus pour me poser plein de question et s’encourir en gloussant une fois ter

miné. Gaëlle revient avec deux plats de viande mais c’est du foie et elle n’aime pas ça. Je ne vais pas la laisser mourir de faim donc j’y retourne, à moi de jouer.

J’attire l’attention de la fille qui prend les commandes et me promène dans le restaurant en désignant les assiettes des gens et indiquant du doigt si j’en veux un o

u deux.

Sorti du restaurant Gaëlle négocie le prix d’un taxi pour aller au musée ethnographique qui se trouve à 6km. Le chauffeur nous prend dans sa rusky mercedes comme il dit. Et on va passer devant la fabrique de locomotive, devant deux temples Boudhistes, pour au milieu d’une forêt trouver plusieurs constructions en bois rapatriées de la région et rassemblées ici. Toujours les pieds couinant dans la neige (je crois qu’au bout de trois jours de marche dans un désert arctique c’est un truc à vous rendre fou), on découvre un zoo. Chameaux, ours brun, lynx, rennes, renard roux et argentés, loups roux et gris font notre plus grande joie. Le renard argenté dort en boule sur le toit de sa cabane, je pense que c’est comme ça qu’est né la chapka, un russe a dû un jour se mettre un renard sur les oreilles pour avoir chaud.



De retour en ville on se fait déposer devant la cathédrale orthodoxe, jolie bâtisse blanche avec son toit brillant couleur or. L’intérieur est vide et se compose d’une unique grande pièce.

Donc on ne va pas y passer la journée et on reprend la route direction le centre. On suit un piétonnier, mes mains commencent à avoir froid alors avant qu’il ne soit trop tard je décide de rallumer la chaufferette. Très fier je sors mon briquet, mais il ne marche pas ! Ben oui c’est con mais à -22°C le gaz il sort pas du briquet, purement physique, encore fallait-il y penser…

Donc pas de chaufferette. On cherche un café. Sur un mur, Gaëlle distingue en russe internet club. On suit le panneau pousse une porte on se retrouve face à un escalier, soit, on le monte, on grimpe ainsi jusqu’au 3eme et une petite page imprimée en russe distincte une porte des autres. On la pousse et, de fait, on trouve plusieurs ordis et des jeunes branchés sur le net.

J’en profite pour vous envoyer les étapes 4,5,6.

En sortie du club on s’engouffre dans un fast food, on prend deux petits gâteaux et un thé. On demande aussi de l’eau chaude pour le biberon, ici c’est plus facile de demander de l’eau chaude que de demander de réchauffer un biberon. L’eau est beaucoup trop chaude, mais c’est pas bien grave je sort 1minute et la voilà juste à température pour y mettre le lait (faut s’adapter).

Au soir on essaye un resto bien coté, mais voilà trop coté, il est plein. On se rabat sur la pub d’à côté qui ressemble un peu à la cantine de ce midi. La serveuse charmante blonde aguichée par la petite nous aide à choisir nos plats avec l’assimil (pour finir bien pratique l’assimil).

Le pub se compose de deux pièces, nous on est dans celle du fond la première étant occupée par de longue table d’asiatique cuvant leur vodka/bière. Le ton monte entre certain d’entre eux, un garde fait un peu le ménage. Deux ivrognes viennent dans notre pièce, la serveuse un peu mal à l’aise tente de leur trouver deux chaises, nous on se fait tout petit car la seule chaise disponible est encombrée par toutes nos vestes… heureusement une table se libère. Avant de partir on demande un peu d’eau chaude, mais cette fois-ci c’est raté, on se retrouve avec un jus chaud. Bon soit, on fera autrement à l’hôtel.

La nuit, Timi dans mon lit, dors en pyjama dans sa gigoteuse, moi j’ai froid, un méchant courrant d’air passe sous la fenêtre, je me lève et met mon collant noir anti froid, je vais donc me coucher dans une tenue de ballerine russe en deuil de n’avoir pas trouvé son tutu. Rêvant de la mort du cygne, qui ici se résume le cygne saute dans l’eau et se rompt le cou :-)

Au matin on refait les sacs, notre train est maintenant dans deux heures, on va suivre les rives du lac Baïkal.